Le marché du disque va de plus en plus mal, on le sait. Mais qu’en est-il de celui du spectacle ? Souffre-t-il lui aussi d’un déclin ? Et où se place Québec sur cet échiquier ?
Ces
questions, nous les avons posées à plusieurs personnes, dont notamment les
équipes de deux salles de la Capitale Nationale, le Théâtre Petit Champlain et
le Grand Théâtre de Québec. Le résultat est clair : si le marché du
spectacle à Québec reste stable et connaît parfois de bons jours, l’équilibre demeure
cependant toujours précaire.
L’offre
ne semble pas vouloir diminuer, selon Arnaud Cordier, programmateur au Théâtre
Petit Champlain : « Le public de Québec peut avoir une semaine
remplie de mardi à dimanche. » Elle se multiplie même, déclare Michel Côté,
programmateur au Grand Théâtre de Québec, visiblement inquiet par le gouffre
qui se creuse avec la demande : « Les amateurs de spectacles
seront-ils à tous les rendez-vous ? C’est toute la question. »
Établir
une programmation actuelle qui suit la tendance du jour relève alors de
l’exploit : les deux hommes s’entendent pour dire qu’il s’agit d’un savant
mélange entre public fidèle et nouveaux spectateurs. Les programmations de
chacune des salles contiennent des coups de cœur musicaux, mais aussi des
incontournables, histoire de s’assurer une certaine rentabilité financière.
Parmi ceux-ci, les humoristes, une première au Théâtre Petit Champlain : « C’est
une grande tradition québécoise. Pourquoi alors se refuser à faire ce type de
proposition ? Nous n’invitons pas n’importe qui, il y a tout de même une
sélection. » déclare Arnaud Cordier. Michel Côté adhère aussi à ce propos,
tout en mettant en relief la venue du futur amphithéâtre : « C’est un
danger, car la tentation va être forte pour un humoriste de se produire un soir
là-bas plutôt que trois ou quatre au Grand Théâtre. »
Par
ailleurs, la différence entre Québec et Montréal est marquante en ce qui
concerne le marché du spectacle. Si la métropole voit de plus en plus de
spectateurs rester en banlieue, la Capitale Nationale, elle, jouit selon Michel
Côté d’un « très bon réseau de salles qui a tout de même ses limites ».
Québec contient non seulement plus de personnes « pure laine », mais
aussi une population vieillissante, un état de fait que l’employé du Grand
Théâtre regrette : « On n’a pas assez de masse critique de jeunes, ce
qui fait que dans les spectacles de chanson, il y a des vieux croûtons de mon
âge, mais assez peu de jeunes finalement. Même en proposant des prix les plus
bas possibles. »
Un
joueur de plus en plus important à Québec, les festivals, pourrait bien
favoriser le retour du jeune public en salle. Selon Arnaud Cordier, il s’agit
là d’un atout potentiel pour les diffuseurs :
« Les spectateurs pourraient avoir envie de revoir les artistes en salles, après les avoir vus une première fois lors de ces festivals extérieurs. »
« Les spectateurs pourraient avoir envie de revoir les artistes en salles, après les avoir vus une première fois lors de ces festivals extérieurs. »
Rien
n’est jamais acquis, donc, d’autant plus que ce métier, comme le souligne ce
dernier, s’apparente à une « science inexacte », à un défi constant.